Nouvelle Zélande, suite
Le saviez vous ? Les premiers êtres humains ont débarqués en Nouvelle Zélande entre le 11e et le 12e siècle. Il s’agissait de tribus polynésiennes, dans leur toute dernière phase d’exploration du Sud de l’Océan Pacifique : les Maoris. Ainsi, rétrospectivement, la Nouvelle Zélande est l’une des dernières terres a avoir été conquise par les Hommes.
Sur l’ile, autre particularité incroyable avant sa découverte: aucun mammifère terrestre (mis à part deux espèces de chauve souris). En revanche, les volatiles en l’absence de prédateurs ont prospéré et atteint pour certains des tailles gigantesques. N’ayant aucun prédateur à fuir, beaucoup ont même perdu l’aptitude au vol. Ainsi, les Moas ,oiseaux terrestres, pouvaient atteindre jusqu’à 3m de hauteur , et ne craignaient que l’attaque de l’immense Aigle de Haast, lui même un géant de près de 3m d’envergure.
Les Maoris à leur arrivée sur l’ile, se sont gavés de ces grandes autruches peu farouches, jusqu’à les décimer totalement en un siècle…D’autres ont bien entendu suivi : l’aigle de Haast, privé de ses proies, s’est éteint peu de temps après, et les Maoris se sont rabattus sur du plus petit gibier tel que les cnemiornis, également disparus.
Les plumes ont toujours eu beaucoup de valeur auprès des peuples Polynésiens, jusqu’à leur servir de monnaie d’échange. Toutes les espèces ont été chassées, et les Huias plus encore, à cause du long bec démesuré de la femelle…On peut en admirer sur les colliers Maoris, collections des Musées. Cette espèce est la seule connue à avoir une telle différence entre le bec du mâle et celui de la femelle. Enfin, «était »…
Heureusement, les Maoris ne passaient pas uniquement leur temps à décimer la faune de l’ile, et ont développé une culture artisanale de qualité : la jade, que l’on trouve encore de nos jours sur les cotes, leur est sacrée et ornait à l’époque les vêtements des chefs et familles influentes des tribus. D’ailleurs, Florence nous apprendra que, selon la croyance Maorie, la Jade ne s’achète pas pour soi, mais se doit d’être offerte à quelqu’un, ce que le vendeur du magasin se gardera bien de vous dire ! ;)
Certes, les Maoris ont fait des dégâts, mais ce ne sont pas les seuls : passagers clandestins dans leurs pirogues, les rats du Pacifiques ont aussi rapidement envahis l’ile, et constituent la seconde cause d’extinction des oiseaux après l’homme. Puis arrivèrent les britanniques, au 18ème siècle. Faute de gibier à traquer, ils ont importé le lapin, qui causa d’énormes dégâts. Pour l’éradiquer, ils introduisirent l’hermine… Une idée osée ! Les néo-zélandais dépensent de nos jours des centaines de milliers de dollars pour tenter de l’éradiquer, car elle constitue la plus grande menace des kiwis et de nombreux autres oiseaux. Ils ont en tout cas achevé l’incroyable destruction de la faune unique de Nouvelle-Zélande : pas moins de 56 espèces d’oiseaux se sont éteintes depuis le 12ème siècle, le taux le plus élevé du monde (et l’on ne parle pas des reptiles).
Alors, forcément, il fallait compenser ! Les britanniques, ayant le mal du pays, ont fait importer certaines des espèces les plus communes de leur pays d’origine, pour les relâcher en NZ, et se sentir un peu plus comme à la maison… Pullulent ainsi les pinsons, chardonnerets, alouettes, merles, grives, accenteurs, bruants jaunes : déconcertant, à l’autre bout du monde. On croise même des groupes de… Sizerins !
Et puis, pour le gibier, ils ont importé des espèces des quatre coins du monde, qui se reproduisent librement dans la nature, notamment sur l’île du Nord. On peut ainsi avoir la surprise de croiser au détour d’un champ un groupe de Dindons sauvages, ou des jolis Colins de Californie !
(Respiration ! )
Mais reprenons notre périple à travers les magnifiques paysages de l’île du Sud.
Nous en étions restés au Milford Sound, que nous quittons pour atteindre la pointe sud de la Nouvelle Zélande, Invercargill.
Invercargill n’est pas la ville la plus renommée pour le tourisme, mais elle abrite dans son petit musée plusieurs spécimens vivants d’un rescapé du temps des dinosaures : le Sphénodon, ou Tuatara. Ce gros lézard ne subsiste que sur quelques îles sur lesquelles les rats n’ont pas eu accès, et… dans les zoos. Ils peuvent vivre vieux : le Tuatara de la 1ere photo a 130 ans !
Nous gagnons la côte des Catlins, et passons la nuit à côté du phare de Waipapa point, en bonne compagnie : les Lions de mer viennent se vautrer dans l’herbe à la nuit tombante !
Et reviennent se reposer de temps en temps pendant la matinée…
Sous un temps mitigé qui nous poursuit un peu tout au long du séjour, on découvre les superbes côtes d’un côté, et les cascades perdues en forêt de l’autre
Mais le plus beau coin est sans conteste la pointe de Nugget’s, où l’on reste un bon moment à observer les centaines d’Otaries qui jouent dans les flaques et sur les rochers, les myriades de Puffins fuligineux qui passent dans tous les sens au milieu des sternes taras, et le soleil qui se montre pour l’occasion !
Un Pipit de Nouvelle Zélande peu farouche traine sur le parking
Les Cormorans sont aussi de la partie : le Cormoran varié,
le Cormoran noir,
et le Cormoran moucheté.
Et dans la baie voisine, quelques Manchots des antipodes regagnent leurs terriers en soirée
Les kilomètres défilent, le pays est plus grand qu’il n’y paraît, et la vitesse autorisée jamais supérieure à 100 km/h. On fait un bond vers le Nord, en faisant étape en route au « Moeldari Boulders », d’incroyables formations géologiques le long de la plage. Jugez par vous-même !
Au lieu de longer les côtes, nous retournons un dernier coup vers les montagnes du centre, à travers la région de l’Otago, aux couleurs automnales
On arrive non loin du majestueux Mont Cook, le point culminant de NZ (3754m)
Et c’est dans ces vallées d’altitudes que survivent les dernières Echasses noires, dont il reste moins de 100 individus dans le monde…
Jolies lumières pour ce soir, pour une fois..
Et un making off
Retour vers les côtes, non loin de Christchurch, sur la péninsule d’Akaroa, qui fut le point d’ancrage de la tentative de colonisation française, avant que ces derniers ne se fassent bouter sauvagement par les anglais. Pour le fun (et l’étiquette !), tous les noms de rue sont en français. Par contre la boulangerie est bien australienne, et le fish and chips toujours aussi dégueu !
Il s’agit de l’un des meilleurs coins pour voir les Céphalorynques d’Hector, de petits dauphins endémiques. Pensant la sortie en bateau, quelques Albatros de Buller viennent vérifier qu’on n’a pas de nourriture à leur donner...
Sous un temps toujours aussi idéal, on roule jusqu’à Kaikoura, une petite ville côtière, ancien port baleinier. La mer est d’un bleu ciel incroyable.
Mais le vent est trop fort pour faire une sortie en mer à la recherche des dauphins, cachalots et autres oiseaux de mer pour lequel le site est célèbre… On se console le long de la péninsule voisine à observer les otaries !
Heureusement, le ferry qui nous emmène à travers le détroit de Cook vers l’île du Nord traverse des eaux riches en oiseaux de mer, et comme nous traversons en pleine tempête, mieux vaut rester sur le pont que vomir à l’intérieur comme de nombreux passagers !
On observe entre autres des puffins du Westland, des Albatros hurleurs et de Salvin..
Et un gros groupe de Dauphins communs qui viennent jouer un poil trop près de la coque, et il semble bien qu’un ou deux s’y soient cognés...
Bien qu’elle ne soit pas la plus grande ville, Wellington est la capitale de Nouvelle Zélande, et semble particulièrement attrayante. On passera le principal de notre temps dans l’incroyable musée Te Papa, et en 4h, nous n’en verrons pas la moitié. L’exposition des clichés de Brian Brake, photographe Kiwi, est une belle découverte.
Entre autres trésors exposés, un Calamar géant de 4,5 mètres de long, mis dans du formol, pêché en 2007 au large des côtes du pays. En gros, si vous deviez frire ce spécimen, la taille des anneaux dans votre assiette aurait le diamètre d’un pneu…
Longeant les jolies côtes au Nord de Wellington, on s’arrête peu avant le coucher de soleil à Foxton Beach..
…et roulons de nuit jusqu’à atteindre le parc national de Tongariro, pour profiter du grand soleil annoncé pour le lendemain.
Vous l’avez peut-être reconnu : c’est ici qu’ont été tournée les scènes du Mordor dans le Seigneur des Anneaux ! Effectivement, pas des masses de végétation à part quelques plantes grasses, surtout des coulées de lave partout
Pour se donner un peu de force dans la rando, on a emmené un bon petit lot de notre découverte culinaire néo-zélandaise : le Fidjoa, un fruit.. de fou ! Entre poire et fruit de la passion : un délice...
Plus on monte, plus la neige commence à apparaître. Nous voici enfin au sommet !
Et l’on atteint le Red crater, puis les superbes lacs émeraudes
Le lendemain, balade dans la forêt de Pureroa, dernier refuge continental pour quelques espèces forestières en danger (5 ou 6 espèces de passereaux ne subsistent que sur quelques îles au large où les rats n’ont pas accédé !). Les Tuis, un oiseau assez commun dans le Nord, chantent vigoureusement, avec leurs étranges plumes blanches sous le cou.
Voici d’ailleurs notre van de location, qu’on ne vous avait pas encore présenté !
Un phasme croit passer inaperçu, raté…
On reste dans les régions volcaniques du centre de l’île du Nord, qui sont également les terres maories. On fait enfin brièvement la connaissance de ce peuple, quasiment absent de l’île du Sud, mais qui vivent en bonne relation avec les « kiwis » un peu partout dans l’île du Nord, bien que des inégalités subsistent. Mais rien à voir avec les relations entre les blancs et les aborigènes en Australie.
Autour de Rotorua, de nombreuses sources géothermiques ponctuent la région. Nous visitons celles de Wai O Tapu, parmi les plus belles
Ca bouillonne de partout
Le champagne pool a d’incroyables couleurs orange et vertes
Au fond des cratères, du pétrole se mélange à l’eau calcaire, formant d’étranges peintures
Le souffre se cristallise en stalactites le long des parois
La promenade s’achève par l’impressionnant vert émeraude du bassin du diable, plein d’arsenic
On arrive le lendemain à Auckland, où habite à peu près la moitié de la population du pays.
Et devinez qui on y retrouve ? Ben oui, Christophe ! On se suit ! Bon, là, c’était arrangé, on avait prévu de s’y croiser sur la fin de notre séjour. On se promène ensemble dans les rues d’Auckland à la recherche d’un bon bistrot, on ne perd pas nos bonnes habitudes !
Ayant raté notre rendez-vous initial sur l’île de Tiritiri Matangi, où nous n’avons pu accoster à cause, encore, du mauvais temps, on se console à Miranda, le meilleur site pour les limicoles en NZ.
Si les stars du site, les « wrybills », d’étranges gravelots au bec courbé vers le côté, sont trop loin pour être bien photographiées, on se rattrape sur les gravelots roux, un autre endémique, et le gravelot à double-bande.
Des groupes d’Huîtriers de Finsch se nourrissent dans les champs
Tandis que les Barges rousses achèvent d’amasser leurs réserves de graisse avant le vol de retour vers l’Alaska, où elles nichent. Un Busard de Gould vient semer la pagaille dans la troupe !
Grosse ambiance le soir au pub, on est les seuls clients ! Alors on fait péter billard et flechettes!
C’est déjà notre dernier jour en NZ ! On le passe le long de la péninsule de Comorandel, toujours en compagnie de Christophe ! Alors, on le bichonne ! D’ailleurs, qui peut deviner ce qu’est cette tartine de schloug ?
Et c’est pas mal… Les côtes sont incroyables, il fait beau,
Il y a des Martins-pêcheur sacrés partout le long de la route
On a même la surprise d’observer plusieurs monarques, ce papillon américain aux célèbres migrations, qui s’est implanté en Nouvelle Zélande, vraisemblablement à partir d’individus égarés
Et le long des côtes, le spectacle est assuré par les milliers de puffins volages et les centaines de Sternes taras attiré par les bancs de poissons
Le plus beau moment restera lorsque soudain, alors que nous roulons le long de la route côtière, Christophe s’écrie, dans son vieux français habituel : « épaulard » ! Trois orques longent la côte à seulement quelques dizaines de mètres… Une belle façon de quitter le pays !
Voici la carte habituelle de nos trajets, pour mieux visualiser tout ça du bout du monde ! Bises, à la prochaine !