Malaisie, avec Julien!
Ca y est ! L’Australie est derrière nous, nous avons repris nos sacs à dos et sommes de nouveau itinérants.
Notre vol Air Asia a atterrit à Kuala Lumpur, et c’est avec un immense plaisir qu’Anne Laure foule à nouveau le sol de la Péninsule Malaise. Venue dix ans plus tôt rendre visite à Vincent, cette fois ci, cette fois ci deux ornithos fous l'accompagnent. Car Julien arrive dans la foulée, quelques heures après nous, bien décalé !
On s’installe à Chinatown, le quartier dans lequel se trouvent la majorité des guesthouses
Dès qu’on sort du secteur, on se retrouve encore plus imprégnés de l’ambiance malaise, dans les kampungs du nord de la ville
Pas toujours évident de trouver son chemin dans cette ville !
Il y a l’embarras du choix pour manger, la cuisine oscille entre mets chinois, spécialités malaises ou indiennes, une diversité culinaire qui nous ravit… sauf lorsque l’insolite est poussé un peu trop loin ! A table !
L’odeur des Durians est toujours coriace, elle est même venue à bout du vendeur !
Mais Julien n’y échappera pas : un voyageur en Asie du sud se doit de faire allégeance au « Roi des Fuits » comme il est dit ici! Du coup, on opte tous ensemble pour un compromis : la version jus, un peu moins hardcore…
…quoique… persiste toujours ce gout mi oignon, mi fromage mur qui, selon toute attente, n’est pas bon…
On se rabat sur les délicieuses galettes au maïs, l’apam balik, une des pâtisseries assez fréquentes des étals de rue
La Malaisie est un pays vraiment multiculturel. Les Malais y sont tout juste les plus nombreux, suivis par les Chinois, arrivés à l’époque des premières ruées vers l’or, et fondateurs de Kuala Lumpur. Viennent ensuite les Indiens, arrivés du temps de la colonisation anglaise. Le mélange semble fonctionner, et la ville n’en gagne que plus de richesses culturelles !
Les lieux de cultes se côtoient. Séduite il y ‘a dix ans, Anne Laure met un point d’honneur à retrouver les temples de ses souvenirs. Petit pèlerinage dans Kuala Lumpur, où l’on peut observer les volutes d’encens dans le temple Taoïste Kuan Ti (dieu de la guerre, d’autant plus populaire qu’il s’agit aussi du dieu de la richesse) au coin d ‘une rue, puis admirer la pyramide du temple hindou Mahamariamman juste en face…
On s’y promène sous l’œil de Ganesh…
Les couleurs psychédéliques des temples hindous reçoivent les offrandes de fleurs de jasmin achetées dans Little India…
Avouez que leur coté kitsch et tellement moins austère que nos cultes occidentaux donne envie de leur rendre visite!
Avant un petit détour par la mosquée Mesjik Jamek, construite en 1907
La Malaisie est un des plus riches pays d’Asie du Sud-est (le plus riche après Brunei et Singapour), et KL s’enorgueillit de nombreux buildings.. On ne saura pas si l’apparente ferveur nationaliste n’est que le fait de la préparation de la fête nationale qui a lieu un mois plus tard (décalée de 15 jours, pour cause de ramadan), mais il y a des drapeaux partout, et dans tout le pays, chose non observée dix ans plus tôt.
On se tord le cou pour admirer les tours Petronas, parmi les plus hautes du monde. A l’époque, Vincent racontait que l’une des tours a été construite par les Chinois, et l’autre par les Malais. Comme celle de ces derniers n’était pas droite, le pont qui les relie à été construit afin d’éviter qu’elle ne chute !
Après à peine 2h de bus, on descend dans la ville de Kuala Selangor, la ville des Langurs !
Et c’est parti pour l’ornitho intensive !
A peine arrivés, un Serpentaire bacha reste posé bien en évidence, à quelques dizaines de mètres !
Les Barbus à plastrons rouges chantent juste au-dessus de notre bungalow
On passe deux jours dans les environs, à arpenter la petite réserve Taman Alam, le long du sentier qui entoure le marais, et dans les tours d’observation
Un sentier bétonné permet de rentrer dans les mangroves, et d’observer le Gobemouche du même nom, et le Pic médiastin
C’est aussi pas mal pour les reptiles, avec pas mal de lézards volants, des scinques, et des gros varans !
La coloration du corps de ce papillon est plutôt originale..
On surprend meme une Civette palmiste commune en train de dormir !
Julien n’est pas venu les mains vides, et a rapporté pleins de victuailles des uns et des autres !! Notamment un Château Labrie de 1986 (merci les petits parents !) que l’on apprécie grandement, surtout après 6 mois de vins australiens dégueux ! On déguste tout ça depuis l’une des tours, et le camembert a fait fuir le macaque qui s’intéressait de trop près à tout ça !!
Et quand on en a donné un bout à un Corbeau familier, ça lui a fait tout bizarre !
Si Kuala Selangor est en bord de mer, celle-ci n’est visible qu’au loin, derrière l’étendue de mangroves. Il nous faut prendre un bus, puis marcher quelques km pour l’atteindre, à l’estuaire d’un fleuve où, comme par hasard, se trouvaient plein de limicoles !
C’est en tout cas la proximité des mangroves qui fait que les alentours sont plein de langurs, ou semnopithèques à coiffe (ceux qu’on avait déjà vus à Bornéo). Pas mal d’entre eux ont prix l’habitude de se faire nourrir, mais c’est cool, ils ne sont pas agressifs pour un sou, contrairement aux macaques.
Ils sont juste parfois un peu… envahissants
Les petits, tous roux, sont particulièrement craquants…
La région de Kuala Selangor est également célèbre pour ses rassemblements de lucioles, hélas peu photogéniques (on a tout essayé !). Des arbres en sont couverts telles des guirlandes de Noël. Après avoir fait un bon tour d’horizon des spécialités du coin, retour vers l’arrêt de bus, au pied de la mosquée, en direction de la fraicheur des Cameron High lands !
La région est propice à la culture du thé, avec son climat plus humide, baigné d’averses plus fréquentes. D’ailleurs, nous n’échappons pas à la règle et les deux jours que nous y passons sont accompagnés de bonne pluie…
Pas grave, l’ami « pancho » est avec nous !
La balade en forêt est superbe, mais il fait presque nuit en sous-bois, donc pour les photos d’oiseaux, on repassera… Les scolopandres sont plus faciles à capter !
En tout cas, les oiseaux sont nombreux, et on en profite !
Allotries à gorges marron, Bulbul de McCleland, Barbu à collier…
Les Torquéoles de Malaisie (perdrix montagnardes) ne font qu’un passage furtif. Or, elles n’ont pas échappées à l’œil furtif de Maxime, qui se lance à leur recherche , suivi de Julien, très motivé. Ils tentent de les traquer dans la forêt, mais ce n’est pas évident…
Une fois l’ascension du Gunnung Brinchiang achevée, une petite route redescend tranquillement et nous offre le spectacle des incroyables tapis de plantations de thé qui font la célébrité de la région. L’entretien qu’elles nécessitent doit être considérable, et souvent sous la pluie, en plus !
Rentrés à l’auberge, la traditionnelle « tiger » du soir est de mise…Seulement, Julien a aussi envie d’innover… à ses risques et périls !
….oui, parce que parfois, on ne le tient plus !
De retour dans la touffeur de la plaine, le bus du lendemain nous amène à l’embarcadère des bateaux en partance pour le parc national du Taman Negara, qui protège une partie de la plus vieille forêt tropicale du monde. Les 2h de bateau le long de la rivière sont d’une fraicheur salvatrice…
Arrivés à l’entrée du parc, on pose nos bagages dans le village côté rive gauche du fleuve, et il nous faut emprunter à chaque fois un bateau pour nous rendre au parc, sur la rive juste en face.
Et c’est reparti pour des balades en forêt, en tenue de combat, pour vaincre les sangsues ! (mais pas trop !)
Pour l’hébergement, on a le choix entre une guesthouse hantée…
Et cette charmante tour en forêt, où nous passerons une nuit sur une planche de bois, à attendre les tapirs, les civettes, ou encore une panthère noire…Mais en vain ! Juste quelques chauves souris et des rats des bois, venus dévorer notre pain…
Gros coup dur, pas de bières dans le village… Les Tiger sont uniquement disponibles dans le resort du parc, et pour le triple du prix habituel… Certes, le village est presque uniquement habité par des musulmans, mais il est rare qu’en des lieux très fréquentés par les touristes les commerces locaux n’essayent d’en tirer profit en vendant de l’alcool. Ah la la ! Comment va-t-on faire ? En prime, on a du mal à tenir le Jul, qui nous fait des crises de manque depuis qu’il a gouté à la « Panda »…
Parceque sinon c’est pas le business qui manque, et toutes sortes de restaus flottants servent d’excellents plats dans un cadre sympa
Notre séjour au parc coïncide avec la fin du ramadan, et pour l’Aïd el fitr, tout le monde se parre de beaux vetements neufs
L’attraction touristique principale est la Canopy walkway, pont suspendu assez haut au-dessus de la forêt, et bien moins confortable que ceux de Bornéo ! Julien tente l’expérience malgré son vertige… On la refait, là ! Moins crispé !
Effectivement, la forêt est superbe, et chaque pas peut offrir une petite surprise si l’on est attentif… fleurs, champignons, fourmis géantes, criquets étranges, papillons multicolores… ou cette étrange chenille !
La nuit, c’est encore différent…
Côté oiseaux, on passé pas mal de temps à se décoller les vertèbres pour des petits piafs pr
De nouvelles espèces apparaissent régulièrement, et on a le sentiment qu’on pourrait passer des dizaines de jours à voir à chaque fois des nouveautés, tant la forêt recèle de surprises. Elles peuvent prendre la forme du discret Martin-pêcheur à dos roux…
…de l’étrange Guêpier à fraise
Ou du rare Rouloul couronné, ici une femelle surprise alors qu’elle s’apprêtait à dormir !
Bien sur, les garçons sont hyper sérieux, niveau oiseau, ça ne rigole pas ! Mais dès qu’une espèce nouvelle est identifiée, Jul laisse exploser sa joie. On appelle ça : l’effet Panda.
En soirée, on observe un groupe de Faisans nobles sortant des bois pour se nourrir sur le camping. Les zones ouvertes et à l’abri des prédateurs situés près des QG des parcs nationaux ont souvent des effets bénéfiques pour l’observation de certaines espèces discrètes…
Et cela vaut aussi pour les mammifères… Après avoir passé la nuit à les attendre en vain dans la tour d’observation, on apprend que 2 Tapirs de Malaisie sont en visite ce soir du côté des derniers bungalows du resort du parc, ceux vraiment en lisière de forêt !! Bestioles incroyables, un peu un mixe Hippo-cochon avec leur robe bicolore, et leur taille impressionnante !
Il s’agit d’individus ayant pris l’habitude de venir se nourrir par là certains soirs, en toute quiétude, et devenus assez accoutumés à la présence pacifique de l’homme…
Celui-là s’énerve un peu : rien d’intéressant dans la poubelle, alors autant s’attaquer au coussin du fauteuil !…
Dernière étape du voyage avec Julien, un gros spot ornitho (youhou !): Fraser’s hill, station d’altitude très courue par les ornithos, et célèbre pour sa « bird race » internationale qui se tient chaque année en juin !
Village anglais du temps de la colonisation, le coin a gardé ses allures prout-prout, et est fréquenté par les malais huppés venus jouer au golf ou simplement se détendre dans les hôtels luxueux dans la fraicheur montagnarde.
L’avantage pour les oiseaux, c’est que la forêt entoure le village, et qu’il n’y a pas besoin d’aller trop marcher pour voir de belles choses…
… ce qui arrange bien les « ornithos » photographes chinois, que l’on ne verra jamais s’éloigner à plus de 200 m de l’hôtel (ou alors, en prenant le 4x4 pour aller au restau !).
On y rencontre d'ailleurs le parrain de l'ornitho locale, la divinité des jumelles, l'empereur du Garrulaxe, et surtout la modestie incarnée, on a nommé : Durai !
Quant aux garçons, ils restent au taquet !
Mais de temps en temps, le manque de panda frappe Julien, qui développe des spasmes comiques imprévisibles…
Au menu, Souimanga sombre, Martinets de Malaisie, Garrulaxe de Malaisie, Sibia à longue queue, Léiothrix à joues argent
Pendant la descente vers le Gap, on observe quelques troupes de Mésanges sultanes, du semnopitheque de Siam
Ainsi que ce joli criquet…
Les meilleures obs resteront celles des Chouettes leptogrammes, vues quasiment chaque jour, en chasse la nuit ou en dortoir la journée !
Elles s’attaquent surtout aux gros coléos, mais ce papillon de nuit reste planqué, par prudence
Pour repartir vers la gare la plus proche, on tombe sur un taxi adorable, l’épicier du village. Il n’y a qu’à Fraser Hill que cela peut arriver : sans même qu’on le lui demande, il s’arrête à chaque fois qu’il entend un oiseau, et il en connaît un bon rayon !
Il nous arrête à de petites chutes d’eau sur la route, autour desquelles se trouvent des myriades de papillons
Nous voilà de retour à Kuala Lumpur… les vacances de Julien se terminent, il retourne au boulot dans deux jours ! Encore quelques mois pour nous !
Toute la ville s’illumine pour son départ, autour de Medeka square
Ne vous inquiétez pas s’il affiche un rictus un peu bizarre ou s’il se met à sauter partout à son retour… Il va nous manquer notre Panda !
Quant à nous, nous poursuivons notre périple. La suite, prochain post !