Borneo : Sabah en famille
Ca y est, Evelyn, Jacques et Jérôme sont parmi nous à Kota Kinabalu, arrivés après une « nuit » blanche passée à Singapour !
Mais malgré la fatigue, on embarque vers une petite île au large (Mamutik) pour profiter un peu de la douceur de l’océan, même si la turpitude de l’eau ne se prête que moyennement au snorkeling.
On se balade dans Kota Kinabalu, ville moderne sans trop d’âme, qui pourrait servir de modèle à un jeu vidéo dans lequel un pauvre piéton doit se frayer un passage entre les grosses berlines !
Heureusement, il y a les marchés nocturnes en bord de mer, dans lequel on déguste de savoureux poissons et fruits de mer grillés.
Les parents sont heureux comme tout à l’idée de nous faire passer Noël dans un hôtel de luxe. Mais à l’arrivée, catastrophe, c’est pas du tout ce qu’on croyait.
Les fondations sont bancales, tout est vieillot, il n’y a même pas l’eau froide
A l’accueil, plus personne, les cafards ont investi les lieux !
Trève de plaisanterie, on atterit en fait au Nexus, superbe resort en bord de mer, grand comme la Belgique au moins.
Tout le monde est ravi !
Les chambres sont grandes comme des appartements, la plage est superbe
On joue dans les rouleaux comme des gosses
Un immense golf entoure le domaine
Sur lequel picorent les Pipits roussets et les Colombines diamants, et viennent dormir les Guêpiers à poitrine bleue
L’immense balcon est idéal pour boire un petit whisky dans l’après midi, et pour observer les râles à ventre blanc sur les petites mares juste en-dessous
C’est d’ailleurs là que nous sabrons le champagne au soir de Noël, et déballons nos cadeaux, avant de rejoindre l’immense buffet de l’hôtel !
Après ces quelques jours, nous repartons gorgés de luxe vers « la jungle sauvage et hostile » ! Un avion nous emmène de Kota Kinabalu à Sandakan, dans le nord-est, en à peine une heure. L’essentiel du trajet survole des plantations de palmes à perte de vue, déprimant.
Un guide nous attend à l’aéroport, et sur le chemin du lodge, nous assistons une fois encore au nourrissage des Orangs-Outans réintroduits à Sepilok. Le spectacle est moins plaisant qu’à Semengoh, tant il y a de monde. Heureusement, nous finirons par voir un Orang-Outan sauvage deux jours plus tard, sur la rivière Kinabatangan !
Si l’énorme mâle d’Orang Outan passe une heure à nous tourner volontairement le dos sur sa plate-forme de nourrissage, les Macaques à queue de cochon assurent le spectacle. Le gros mâle dominant défend férocement ses fruits, tandis que tous les jeunes et femelles usent de ruses pour lui en chiper, allant même jusqu’à passer les doigts sous les planches pour faire glisser les fruits vers l’extérieur !
Au-dessus du spectacle, quelques rapaces nous survolent, comme cet Aigle huppé et ce Serpentaire bacha
Nous arrivons au Myne Resort, sur le bord du fleuve Kinabatangan, renommé pour ses promenades en bateau à l’affut des singes et autres animaux tous rassemblés sur ses rives, derniers îlots forestiers parmi les champs de palmes alentours.
Nous faisons 3 escapades en bateau, sous le regard amusé de nombreux nasiques ! Mais qui observe qui finalement ? ;)
De nombreux oiseaux apprécient les rives : Cigogne de Storm, Ahninga roux, Martin-pêcheur gurial
La petite famille a le plaisir de découvrir les calaos, tels que ceux-ci, le Calao a casque rouge, et le Calao pie
Nous empruntons de petits bras de rivière ,et tombons parfois sur de jeunes pythons habitués endormis sur leur branche.
A la nuit, nous partons à la recherche d’animaux nocturnes, et la balade se solde par de superbes observations de Kétoupas malais, ainsi qu’un tout jeune crocodile.
En se promenant dans les forêts autour du camp, on tombe sur un gros serpent (une espèce de Paradise Snake semble-t-il), au corps étrangement aplati sur sa partie centrale et terminale : jamais rien vu de tel !
Autres apparitions, un joli Trogon de Duvacel sifflant dans le couvert, tandis que les papillons volètent dans tous les sens
Notre tour tout organisé nous offre la possibilité de visiter les superbes grottes de Golongton, où, en plus de milliers de chauves-souris, nichent des milliers de Salanganes, dont deux espèces au nid comestibles, dont les chinois sont particulièrement friands en soupe.
La Salangane des Andaman fait des nids blancs, entièrement composés de bave, les plus prisés. Le kilogramme se vend une fortune.
Dans la partie de la grotte que nous visitons, seules les Salanganes à nid noir se reproduisent, et celles-ci bâtissent des nids en mélangeant des plumes à leur salive. Un tri pénible est donc nécessaire par la suite. Les nids étant placés très hauts le long des parois de la grotte, les travailleurs s’aventurent sur de hautes échelles de corde, sans franchement de sécurité, et récoltent un à un les nids à deux reprises par an, une fois la nidification terminée.
En plus des risques encourus, il leur faut en plus accepter un voisinage pas toujours très engageant !
Dans la forêt séparant la grotte de la route, un Ecureuil pygmée de Bornéo va et vient le long d’un gros tronc d’arbre, étonnamment minuscule.
Dernière étape avant de revenir à Sandakan, la baie de Labuc, dont les mangroves sont très riches en nasiques qui, pour le plaisir des touristes, et pour faire tourner le business local, sont nourris deux fois par jour. Cela vaut néanmoins la peine, car le comportement de ces attachants animaux est passionnant à observer.
En attendant le nourrissage, par exemple, chacun vaque à ses occupations !
Puis quand sonne l’heure, tout le monde descend progressivement des arbres. Pas moins de 60 se tiennent à portée de vue. Ils font le plus de bruit possible en sautant sur les plateformes, comme pour impressionner les autres.
Si les relations paraissent très sereines au sein du groupe, à mille lieues de la stricte hiérarchie des macaques chez lesquels le mâle dominant impose sa loi, il arrive que quelques accrochages se produisent entre mâles, forçant l’un des deux à fuir avec force bruit, et parfois, à venir se réfugier soudainement au milieu des touristes hébétés !
Maxime se prend d’affection pour ce nouvel arrivant… Vous ne trouvez pas un air de famille ?
Les nasiques ne sont pas les seuls à être nourris. Un semnopithèque à coiffe fréquente les lieux, probablement en permanence, et se laisse approcher à quelques dizaines de centimètres…
Des petits malins (comme de Bulbul aux ailes olive) viennent chiper les fruits mis à disposition de Kiki, autre star des lieux !
Du coup, une petite gratouille pour consoler kiki
Pendant qu’Evelyn, Jacques et Jérôme restent à Sandakan, nous partons passer une matinée au Rainforest Discovery Center, non loin de là, dans lequel a été érigé un réseau de ponts suspendus et de tour d’observation de la canopée, un régal.
La big star du site est la Barite chauve, un oiseau endémique de Bornéo, relativement dur à voir en dehors de cet endroit, et représentant unique de sa famille dans le monde.
Les passerelles sont idéales pour observer certaines espèces de près, comme l’Echenilleur véloce, et l’étonnant Calao Rhinocéros, avec son énorme banane à la Elvis !
Direction la ville de Lahad Datu, à 3 heures au sud de Sandakan, porte d’accès aux belles forêts de la Danum Valley. La route traverse une éternité de champs de palme, et il faut booster un peu notre chauffeur de taxi qui fait du 40 km/h en moyenne, pour arriver à temps pour notre minibus. En prévision des trois prochaines nuits à passer dans le centre de recherche (dont le réveillon !) paumé en pleine forêt, nous faisons quelques provisions de boissons en ville. Autant dire qu’on ne passe pas inaperçu lorsqu’on arrive 10 minutes en retard dans le bus avec nos caisses de bières et nos bouteilles de vodka !
Après de nouveau 3-4h de piste, nous parvenons au Danum Valley Field Centre, un centre de recherche doté de possibilité d’hébergement pour les touristes, nettement moins cher (et plus sympathique) que son voisin le Borneo Rainforest Lodge. Nous sommes agréablement surpris par le confort des chambres. On prend l’apéro et les repas avec vue sur la forêt, dans l’ambiance sonore nocturne magique de la forêt tropicale de Bornéo, parmi les plus belles que nous ayons vu de tous nos voyages. Un trésor à préserver, surtout lorsque l’on apprend que Bornéo subit l’un des taux de déforestation les plus élevés de la planète à l’heure actuelle.
Une rivière passe le long du camp, vaincue par quelques grands ponts suspendus.
Les principales activités par ici ce sont donc… les balades en forêt. Un réseau de sentiers part du centre, pour la plupart assez longs. Nous commençons doucement, par le « Nature trail », entre gros arbres, feuilles géantes, orchidées et autres fleurs…
… et bien sûr les petites bestioles, du genre punaises, mantes à drôle de camouflage, sorte de scorpion-nèpe (qu-est-ce que c’est ?), d’énormes fourmis…
Un serpent liane traverse le chemin devant nous
Quelques oiseaux des sous-bois se montrent, mais toujours aussi difficiles à photographier en l’absence de lumière : par exemple, l’Alakat de Horsfield.
Une échelle le long d’un arbre permet de monter près de sa cime, à plus de 40m, et se rester là-haut en se prenant pour un petit singe…
Mais le petit désagrément, ici, ce sont les sangsues. Il y en a partout ! Nous voici donc parés de nos guêtres pour une nouvelle balade l’après midi même, plus longue cette fois-ci.
Alexis, un jeune doctorant français en paléo-climatologie avec qui nous avons sympathisé dans le minibus la veille au soir, nous invite à nous joindre à lui pour marcher vers les chutes, une balade de 4h aller-retour.
Et c’est donc parti pour une longue marche, un ranger pour nous montrer le chemin !
Les sangsues sont bien au rendez-vous, comme celle-ci, sur la cuisse de Jérôme, une magnifique Tiger ! J. Mais c’est Maxime qui battra le record, tant du nombre (une dizaine) que de la localisation (no comment) !
Côté Anne-Laure, ce sont les grosses araignées velues qui sont toujours ses amies. Quand celle-ci lui a sauté sur la chaussure, toute la jungle l’a entendue !
Arrivés à la cascade après plus de 2h30 de marche, il ne nous reste qu’à peine 2h de jour pour revenir, et la marche à l’aller était par moment pénible! La sympathique petite balade en famille se transforme alors en véritable expédition épique !
Montées raides, sentiers escarpés et glissants, racines et troncs d’arbres, on progresse lentement. Et la pluie arrive, juste assez pour nous rafraichir au début, puis juste assez pour nous tremper illico ! ! Là-dessus tombe le jour, accompagné par les chants siréniens des cigales vespérales, que l’on a du mal à croire insectes lorsqu’on les entend. On croirait à de véritables alarmes à détection de mouvement car elles se déclenchent systématiquement à notre passage ! Pendant 2 heures supplémentaires, nous avançons à tâtons avec nos quelques lampes de poche le long du sentier boueux et glissant.
Bien lessivés à l’arrivée, on s’offre l’apéro, ce genre d’apéro à la saveur salvatrice !
Et autour du campement, quand on a de la chance, on peut surprendre un Colugo : spéciale vidéo pour le jeif qui aime bien ces bestioles bizarres !
Le lendemain pour le dernier jour de l’année 2010, nous profitons des installations fantastiques du Bornéo Rainforest Lodge, à défaut d’y loger. Une balade que nous espérons un peu plus tranquille pour tout le monde…
Après l’exploit de la veille, on nous a assigné un ranger à notre mesure, d’une trentaine d’années mais qui a besoin de faire une pause tous les 20 m de dénivelé ! Avec lui, nous grimpons sur la colline en face du lodge, offrant une vue magnifique sur la forêt alentours.
C’est pour nous l’occasion d’observer quelques Semnopithèques rubiconds, à la fourrure d’un rouge éclatant
On se rafraichit une fois revenus en bas au pied de petites cascades. Mais l’endroit est envahi par les touristes du lodge, que les guides font tous passer au même endroit, avec pique-nique organisé et serviettes de bain à disposition, de l’excursion dans la jungle à la japonaise !
Direction l’une des principales attractions du Borneo Rainforest Lodge : les ponts suspendus dans la canopée.
C’était sans compter le vertige d’Evelyne, qui lui a valu son quota d’émotion s
Evidemment, à la cime des arbres, on a l’occasion d’observer pas mal d’oiseaux, certains venant même se poser à quelques mètres de nous sur les rambardes de la passerelles, telle que cet Hemiprocne coiffé, pris avec le petit appareil d’Anne-Laure !
On y trouve aussi plusieurs Malkohas javanais, et des « oiseaux feuilles » (leafbird en anglais), d’un vert se confondant parfaitement avec la végétation, les Verdins de Sonnerat.
Pour le retour au Field Center, à 37 km de là, nous avons négocié avec notre ranger qu’il nous dégote un véhicule à ciel ouvert et des lampes sur batterie pour rentrer doucement en cherchant d’éventuels animaux nocturnes. Grand succès pour ces 3h de nightdrive, puisque nous croisons la route de moults écureuils géants volants (dont un vu « voler » !), de civettes (dont les Malaysian Palm Civet en photo ci-dessous), de Loris paresseux, un bref chat léopard que seuls Maxime et Alexis verront…
Petit clin d’œil pour le Steph Morel : oui, les écureuils géants existent, mais pas à Londres !
Cerise sur le gâteau, une famille d’Eléphants pygmée de Bornéo !! Difficile de faire mieux pour enterrer dignement 2010 !
Car ce soir, on réveillonne dans la jungle ;-)
Nous ne sommes que 6 visiteurs dans le field center, Alexis et nous, cordialement invités à rejoindre le karaoke des rangers. On n’ira pas, trop occupés à boire des coups, discuter et danser ensemble jusqu’à l’extinction des feux à 4h du matin !
Il est temps de repartir, même si l’on serait bien restés une semaine géante ! On quitte l’incroyable biodiversité de la Danum Valley, ses papillons, ses feuilles géantes…
On fait nos adieux à Alexis, qui repart à Kota Kinabalu. Rendez-vous pris pour le réveillon de l’an prochain !
Et hélas, les départs s’enchaînent…Le lendemain, Evelyn, Jacques et Jérôme s’en retournent vers le froid francilien, nous laissant seuls tristes, émus et abandonnés dans la jungle sud-asiatique !
Et ils ont bravé courageusement tous les périls de la jungle hostile : serpents, araignées, marches nocturnes, ponts suspendus…et sangsues : pas de jaloux, tout le monde repart avec son petit suçon !
Merci à la famille pour ce chouette Noël et ce superbe séjour tous ensemble !
Pour nous, la route continue…vers l’Indonésie !